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“it's a symphony, it's a battle cry.”


feat. johnny depp ; crédit @magicofvenice

⊱ NOM : riddle, c'est son nom du moment, mais il lui arrive de changer, officiellement il n'a jamais été déclaré comme porteur d'un nom. ⊱ PRÉNOM : abel, belle référence religieuse, il le fait relativement souvent et maverick qui a été choisi comme il aurait choisi le nom de son bébé ; à vrai dire, le seul prénom qui puisse avoir un impact dans sa vie, c'est celui de joshua, c'était comme ça que les sœurs du foyer l'appelaient. ⊱ ÂGE : quarante ans, exactement. ⊱ DATE ET LIEU DE NAISSANCE : lieu inconnu, et la date l'est probablement tout autant, il a grandi en pennsylvanie en tout cas. ⊱ NATIONALITÉ : américain, jusqu'à preuve du contraire. ⊱ EMPLOI : fumeur en série ? et d'autres choses. ⊱ STATUT SOCIAL : trois fois marié, dont une fois totalement officieusement, deux fois veuf, faut-il continuer à creuser ? ⊱ CARACTÈRE : insatiable ; instable ; imprévisible ; psychopathe ; orgueilleux ; narcissique ; aime avoir le contrôle sur tout ; sarcastique ; défiant ; implacable ; indomptable ; joueur ; rusé ; intelligent ; excellent menteur ; secret ; solitaire ; déséquilibré ; violent ; colérique ; possessif ; artiste ; charismatique ; patient ; observateur ; charmeur ; dragueur ; manipulateur. ⊱ GROUPE : one way or another.

⊱ DEPECHE MODE : personal jesus. ⊱ OZZY OSBOURNE : hellraiser. ⊱ LYNYRD SKYNYRD : free bird. ⊱ MARILYN MANSON : born villain. ⊱ 30STM : kings and queens.

la cigarette semble être sa meilleure alliée, envers et contre tout ; tout autant d'ailleurs que le feu, ça le fascine littéralement, depuis son plus jeune âge. c'est probablement pour ça qu'il aime particulièrement brûler les corps de ses victimes, ou qu'il pourrait passer toute une soirée à regarder un feu brûler dans son foyer de cheminée ⊱ il aime particulièrement se jouer des autorités et à de nombreuses reprises déjà, il est parvenu à leur échapper sans se causer trop de soucis, et ses changements d'identité ont jusque là suffit à lui permettre de poursuivre sa route tranquillement ; cette excitation emplie d'adrénaline l'anime chaque fois plus ⊱ il est croyant, envers et contre tout, mais plus encore que vouer une foi sans borne pour un dieu tout là haut, il s'acharne à le défier sans cesse ; qui sait, c'est probablement à cause de ça qu'il est devenu ce qu'il est ⊱ c'est un très grand artiste, très doué de ses mains et, d'une certaine manière, très tactile : il joue de nombreux instruments de musique, manie la peinture et dessine très bien, il a d'ailleurs un genre de don particulier pour pouvoir saisir les choses que rares voient ⊱ il a souvent entendu dire que les tueurs en série feraient les meilleurs profilers, c'est probablement pour ça qu'il arrive à sonder, comprendre les doutes voire les secrets d'autrui d'un simple coup d'oeil : s'il demeure un personnage bizarre et totalement énigmatique aux yeux des autres, il calcule bien vite ses interlocuteurs ; ses proies, d'ailleurs, des femmes généralement jeunes et influençables, il les repère d'un seul regard ⊱ il sait toujours occuper son temps, de quelque manière que ce soit et de toute manière, rares sont les occasions où l'imprévu s'installe, il déteste perdre le contrôle d'une situation, narcissique comme il est, il aime avoir tout sous son contrôle et quand il décide d'avoir un temps libre, c'est généralement pour bouquiner, de la vieille littérature française voire de la philosophie ⊱ c'est un parfait caméléon, sa personnalité ayant probablement été détruite dès son plus jeune âge, il peut jouer tout et n'importe quoi, du touriste imbécile qui fait mine de s'être perdu dans le métro de new york, à l'énigme ambulante qui charme n'importe quelle demoiselle : il aime particulièrement se jouer des autres, ça prouve sa supériorité ⊱ il déteste les animaux, particulièrement les chats pour qui il voue une profonde répulsion et à vrai dire, tout comme les humains ils n'ont jamais rien représenté pour lui, la seule bestiole qu'il pourrait trouver fascinante, c'est l'araignée, cette façon qu'elle a de dépendre de l'imprudence des autres pour se complaire dans la vie, c'est un peu sa façon de fonctionner également ⊱ l'alcool est souvent d'un grand secours pour lui, ayant déjà été blessé à plusieurs reprises, celle-ci l'aide parfois à oublier ses douleurs ; et d'un autre côté, le whisky l'aide à se vider la tête, généralement, il a toujours au moins une bouteille de whisky dans son "lieu refuge" ⊱ il aime particulièrement aller au cinéma, seul, ça ne le dérange pas particulièrement et de toute manière, il a toujours une façon assez nonchalante d'appréhender les choses.

⊱ LA VIE DE NOMADE, DE "ROADTRIPER", QU'EST CE QUE ÇA REPRÉSENTE POUR TON PERSONNAGE ? c'est plus une commodité qu'autre chose, la route, avancer, rouler, changer de lieu et changer de peau. Pour lui, la liberté absolue va bien au delà de quelques kilomètres parcourus sur une autoroute toute plate ! Donc non, c'est d'ailleurs souvent avec une certaine lassitude que Abel entreprend ses inlassables voyages vers d'autres horizons : le tourisme ne fait pas partie de ses préoccupations premières, bien que ça l'aide généralement à appâter de bons gibiers.

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far away from home

⊱ TON PSEUDO : devine. ⊱ TON PRÉNOM : c'est une question ? ⊱ TON ÂGE : alors oui. ⊱ FRÉQUENCE DE CONNEXION : 5j/7. ⊱ TON AVIS SUR LE FORUM : tu préfères pas savoir haha (a). ⊱ OU L'AS TU TROUVÉ ? : en allant tout droit jusqu'au matin. ⊱ UNE ULTIME BAFOUILLE : .

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« J’espère que tu as retenu la leçon cette fois-ci. » Le regard sévère, froid, la matrone n’avait plus ce visage aimant qu’elle offrait aux bons samaritains qui venaient passer par ici pour faire une petite halte. Le visage de Dieu s’était envolé de ses traits, la transformant désormais en une créature de pierre, glaciale et réfractaire. Il ne pouvait qu’être là, espérant qu’elle ne le châtie pas plus qu’elle l’avait déjà fait. Le regard baissé vers ses chaussures sales, il ne bougea pas pendant un long moment, incapable de savoir s’il pouvait la regarder autrement que par courtes intermittences. Parfois, il avait l’impression qu’elle allait le transformer en pierre, comme cette histoire de Gorgone qu’il avait lue dans un livre. Livre qu’une des nonnes lui avait confisqué d’ailleurs, sans doute parce que ce n’était pas le genre de lecture tolérée au sein du couvent. A voir autour de lui, les petits garçons ne l’étaient pas non plus, mais depuis des années… non, depuis toujours, il était là. Seul enfant prisonnier dans ces murs, condamné à être accompagné dans toute son enfance par des femmes acariâtres, qui avaient décidé de se tourner vers Dieu, renonçant à la maternité, incapables d’ailleurs d’avoir le moindre instinct maternel. Tout comme la mère biologique de l’enfant elle-même. Il les avait entendues parler une fois, quelques unes d’entre elles. Une ‘gamine en perdition’ qu’elles ne pourraient jamais retrouver malgré tous les efforts qu’elles pourraient mettre dans la tâche. Quelqu’un qui n’avait pas voulu de lui, et qui l’avait assez détesté pour le confier à ces femmes. Un frisson le parcourut à cette pensée, bien qu’il soit encore incapable de se poser plus de questions que ça. La matrone venait de se lever, et s’approchait de lui. De sa poigne puissante, elle vint saisir le menton du petit garçon pour le forcer à la regarder droit dans les yeux. Ces yeux bleus, presque gris, centres de plusieurs de ses cauchemars d’enfant, voilà qu’il se retrouvait forcer de les supporter, incapable d’écouter ce qu’elle disait. Crispé, par une terreur sans nom qui le paralysait sur place. « A la prochaine disparition suspecte de quelque animal que ce soit, tu te contenteras de pain et d’eau pendant deux semaines, jeune homme. Est-ce clair ? » Impatient de lâcher le regard de la vieille femme, il acquiesça, sans réellement y avoir réfléchi. Quelques heures plus tôt, il avait été surpris par l’une des nonnes en train d’étouffer l’un des chats errants du quartier. Comme punition, elle l’avait forcé à l’amener lui-même dans le four extérieur de l’endroit pour incinérer le pauvre animal. « J’vous ai entendues… dire qu’il fallait se débarrasser des chats, qu’ils abîment le jardin. » C’était un élément imprévu, ou qu’elles ne semblaient pas avoir prévu pendant toutes ces années. L’enfant parlait, l’enfant écoutait et l’enfant comprenait des choses, devait en apprendre d’autres. Elles s’étaient longtemps contentées de le laisser grandir, de le nourrir, de lui donner un lit et de l’oublier le reste du temps. Probablement qu’elles auraient mieux fait de le surveiller un peu plus. Lorsqu’il osa relever le regard vers la vieille dame, il détecta cette fois-ci cet éclair inconnu dans son regard. Décontenancée, comme si tous ses principes étaient remis en question. Comme si elle avait soudainement une prise de conscience. Une peur sourde, quant à ce qu’elle avait en face d’elle. L’enfant n’osa plus rien dire, ni même bouger, alors qu’elle s’éloignait de lui presque l’air de rien.

« Okay, on va faire ça vite et bien. Donne-moi ton nom gamin. » « Blackwood. Robert Blackwood. » C’était venu avec une facilité si déconcertante, que pendant un instant, le flic tiqua face au jeune homme, relevant les yeux vers lui comme pour lui demander une confirmation visuelle. Vautré sur sa chaise, mains enfoncées dans les poches, il ne put que hausser les épaules avant d’esquisser un sourire moqueur à l’adresse du flic. Qu’importe, il n’était personne. Encore moins ici. « Commence pas à jouer au plus malin, j’te préviens qu’on peut toujours relever tes empreintes pour voir où elles remontent. » « Faites vous plaisir. » Et voilà que toujours avec son sourire, il avait sorti sa main de sa poche, pour la tendre vers le flic. Mais il ne bougeait pas. Avec sa bedaine de pauvre mec taillé aux donuts et au café, il n’avait franchement rien d’intimidant. La tronche des clichés de policiers, digne d’une série télévisée bien nulle. « Tu sais, des petites fiottes dans ton genre on en voit tous les jours, provoquer les flics, c’est votre trip. » Il ne put qu’esquisser un sourire narquois, retenant à peine un ricanement gras. Les années étaient passées, et elles avaient laissé le petit garçon apeuré bien loin derrière, quelque part à mi chemin avec sa conscience et son intégrité. Il survivait après tout, il n’y avait rien à lui reprocher dans son mode de vie, si ce n’est appliquer la loi de la jungle en plein milieu d’une ville. Ce soir, il s’était fait prendre pour avoir piqué de l’argent dans une épicerie. Vingt dollars, et il n’avait même blessé personne et franchement, ce sale flic avait une tendance énervante à le sous estimer. S’il savait, si seulement il savait ce qu’il laissait sur son sillon depuis Scottsburg. Tôt ou tard, il saurait. Peut-être. Que la petite ‘fiotte’ qu’il avait coincé pour un vulgaire cambriolage de superette avait bien plus sur la conscience, et qu’elle n’était pas pour autant perturbée. Pour les nonnes de Scottsburg d’ailleurs, c’était parce qu’il n’avait pas de conscience. Selon lui, c’était parce qu’elles n’en avaient pas, et qu’elles ne lui avaient pas permis d’en avoir une. C’était facile de rejeter la faute sur ces visages désormais lointains, mais la facilité semblait faire partie intégrante de son existence. Et puis, après avoir grandi comme il avait grandi, il avait bien droit de se faire plaisir… et d’avoir ce qu’il voulait. Même vingt misérables dollars. Il arrivait qu’il se fasse prendre comme ce soir, si bien qu’il savait déjà ce que le flic allait lui sortir pour régler tout ça sans avoir besoin de faire de paperasses pendant trois jours pour vingt malheureux dollars. « Okay. Ca ira pour cette fois, évite de jouer au gros dur et j’t’aurais pas dans le collimateur. On va juste envoyer une amende chez toi, et tu règleras ça avec tes parents. » Cette habitude malsaine qui disait que tous les mauvais garçons avaient forcément papa et maman pour les punir. Il se retint de ricaner une nouvelle fois, se penchant vers le bureau du flic pour lui donner une adresse qu’il avait vue au détour d’une rue en marchant. L’avantage de lever le nez en se promenant, l’avantage d’avoir une mémoire forgée par l’instinct de survie. Dieu Seul – belle ironie – pouvait savoir quelle gentille famille recevrait son amende avec lettre de la police et tout le reste, parfois il se laissait aller à imaginer les scènes de ménage qu’il créait rien qu’en faisant ça. Tellement barbant. Si ça ressemblait aux brimades qu’il avait si souvent eues au couvent, il s’en passerait volontiers pour le restant de ses jours. Et puis finalement, heureusement qu’il avait commis le pas de trop. Il leur avait ouvert les yeux, sur ce qu’elles étaient. Il avait grandi, il était passé du petit garçon au jeune homme et il l’avait vite compris. Certaines d’entre elles également, et les choses avaient trop déraillé, le suppôt de Satan tentateur avait été viré de l’endroit, remis à sa liberté de monstre. Voilà ce qu’il était à présent, un monstre errant, qui officiellement, piquait vingt dollars dans des épiceries. Officieusement, qui avait agressé un type dans des toilettes d’autoroute et qui l’avait laissé se vider de son sang sans se retourner. Aucun cas de conscience n’était venu le rattraper jusque là, tout comme aucun flic du pays. Alors qui sait, c’était peut-être tout ça en même temps, la jouissance de la liberté.

« Je t’aime… » Son souffle dans son cou, il frissonna l’espace de quelques secondes, douceur charnelle, qui s’insinuait peu à peu en lui, pseudo douceur qui venait s’emparer de son corps alors qu’elle laissait sa main glisser sur son flanc, ses doigts chauds et délicats venir découvrir son corps déjà marqué par la vie. Ses caresses étaient délices, tandis que ses paroles sonnaient creux au fond de son oreille. Comme un sourd, un sourd de toute conscience du sentiment, il n’aspirait qu’à dévorer ses lèvres, son corps de mille baisers. Si belle, si douce, si naïve. Il ne se donnait même pas la peine de répondre à sa phrase, peu importait, ils n’avaient pas la même notion de l’amour et probablement que c’était lui qui avait tord sur ce point là. Il le savait, il s’en foutait. Elle était sienne de cette manière là, il ne la voulait pas autrement, pas moins, pas plus. Il n’aimait pas parler de toute manière, ni de bons sentiments, ni du beau temps. On lui avait trop souvent appris à une époque, de ne pas parler quand on n’en avait pas le besoin, il n’en ressentait pas le besoin à cet instant précis, alors qu’il voulait juste profiter du moment présent, encore et encore. Il la sentit soupirer, tout contre son oreille une nouvelle fois, suave sensation qui lui arracha un sourire d’extase. Est-ce qu’il pouvait ressentir quoique ce soit d’autre que la caresse d’un souffle contre sa peau, que sa main qui venait à présent caresser son dos avec cette même douceur qui était sienne ? Impossible, il ne la sentait pas frissonner d’amour, s’envoler parce qu’elle se sentait bien, intouchable dans ces bras là. Elle était si jeune, si naïve. Il n’était plus vieux que de quelques années, mais déjà un usé, usagé de la vie et de tous ses travers. Représentant digne de la pire espèce humaine qui soit, elle se retrouvait pourtant à aimer la vie entre ses bras. Elle n’avait pas encore idée qu’il venait cueillir leur dernier baiser sur ses lèvres à cet instant précis, l’illusion de l’instant s’évaporant en même temps que l’ivresse qui avait baigné son cerveau. Il sentit sa gorge se contracter sous la pression de ses doigts, la palpitation de ses veines sous sa main, alors qu’il resserrait un peu plus sa prise. Elle avait été charmée, attirée, conquise, et maintenant elle ne serait qu’un flot de répétitions dans une existence trop courte, un quotidien auquel il n’avait pas droit, n’avait jamais eu droit d’ailleurs, si bien qu’il n’en avait pas envie. Il croisa son regard suppliant, celui de la fille qui ne comprenait pas les circonstances qui venaient de faire passer l’échange de l’amour à la haine pure et dure. Au meurtre, simple et barbare. Le concept même, dans sa façon la plus basique. Tuer pour tuer, prendre du plaisir, apprécier ce pouvoir. Il pouvait lâcher prise pour lui laisser reprendre de l’air à tout moment, elle n’aurait que quelques marques qui finiraient par s’effacer avec le temps, s’il le voulait. Ou il pouvait exercer une pression plus forte, pour l’amener un peu plus vers la mort. Mais il voulait prendre son temps, tout comme il avait pris son temps pour l’apprécier à chaque fois qu’ils avaient partagé quelques instants charnels. Elle qui avait un visage si saint, si doux, le visage d’une vierge qu’elle n’était pas, un mensonge personnifié. Qui sait, peut-être qu’il débarrassait le monde d’une lie à venir, d’une de ces fausses nonnes qui l’avaient torturé enfant, et qui n’avaient pas manqué de remarquer l’homme qu’il commençait à devenir. Une pulsion de rage, un instant de folie, une poussée d’adrénaline, il attrapa la lampe de chevet pour venir la lui abattre brutalement sur le crâne. Un seul coup puissant, trop puissant puisque tout fut fini, alors qu’elle avait commencé à se débattre avec la peur, elle ne bougeait plus à présent. C’était bien la première fois qu’il perdait autant le contrôle, bien la première fois qu’il se retrouvait dans ce moment de solitude glacial, face au regard vide du cadavre qu’il venait d’engendrer. C’était bien la première fois d’ailleurs, qu’il avait tué sans la moindre motivation. Aucune autre motivation que le plaisir d’ôter la vie, de contrôler l’existence de la misérable espèce humaine… Ou peut-être était-ce juste la première fois qu’il se laissait submerger par ses vieux démons.

Sacramento, terminus. Le dos labouré de vieilles douleurs, il soupira, s’étirant légèrement dans son siège. Le bus n’était pas son fort, encore moins son transport favori, en ce bas monde. Mais il fallait savoir faire avec, même si pour ça il fallait aligner plus de cinq heures et demi de trajet, avec des arrêts toutes les demi heure ou presque. Il était enfin arrivé. Sacramento. Ironie du sort, il avait choisi au pif, comme il le faisait toujours. Peu à peu, lentement mais sûrement il semait des miettes de pain sur son passage et continuait son existence comme si de rien n’était. D’ailleurs, personne ne remarquait son passage où que ce soit. Ramassant ses affaires en même temps que les autres passagers, il plissa légèrement le nez. Il allait falloir qu’il amène un bon nombre de ses affaires à une laverie dans le coin, rien que pour faire disparaître cette odeur de fumée qui commençait à s’imprégner. Fumée de cigarette d’abord, et puis fumée des feux de bois qu’il n’avait que trop souvent tendance à allumer. Ironiquement ce jour là d’instinct pulsionnel, il avait attendu que le soir tombe pour se débarrasser du cadavre. Tout ce qu’il avait trouvé à faire, c’était l’emmener dans les bois, quelque part. Jusqu’à ce que le souvenir du chat lui revienne, cette histoire d’incinération. Il suffisait visiblement de ça, pour réduire un simple cadavre en tas de cendres invisible. Il suffisait juste de faire preuve d’ingéniosité, et d’un peu de technique… Pas de quoi fouetter un chat pour autant. Mais l’odeur avait tendance à être tenace quand elle le voulait bien. Qu’importait, il était dans une nouvelle ville, avec des nouveaux gens, des nouveaux flics. Tout de nouveau… de quoi redémarrer, et avoir d’autres préoccupations que le lavage des vêtements pour le moment. Il fallait qu’il se trouve une vie, quelque chose à raconter, les voyageurs sans but n’attiraient pas forcément la confiance des quelques personnes qui pouvaient l’intéresser, alors il s’arrangeait comme il le fallait. Quoique, c’était à présent devenu un jeu, quel(s) prénom(s) et nom(s) allait-il choisir cette fois ? Il esquissa un sourire en coin rien qu’à cette pensée. Les années Blackwood étaient bien loin à présent, ou presque, ce nom avait une valeur plus nostalgique qu’autre chose à présent. Enfonçant ses mains dans ses poches après avoir placé son sac sur son épaule, il se retrouva hors du bus en un rien de temps, prêt à tout redémarrer. Redémarrer à zéro. Quand il voyait des gens dans la rue, quand il prenait le temps de les observer comme ils ne s’étaient jamais observés, il imaginait bien leurs pensées, leurs envies de changer totalement de vie, de tout effacer. Il pouvait le faire, lui, inlassablement, autant qu’il le voulait. La seule règle, ne jamais retourner en arrière mais le monde était bien trop vaste pour qu’il tienne à perdre du temps à repasser dans de vieux endroits qui l’ont déjà autrefois, lassé.